Énergies renouvelables : le vrai du faux

Les énergies renouvelables (EnR) posent question. Mais comment démêler le vrai du faux ?

Voici quelques éléments de réponse :

Oui

L’association négaWatt publiera en fin d’année son scénario pour viser 100% d’énergies renouvelables d’ici 2050. Un scénario envisageable, à condition de s’y investir pleinement par la sobriété et la transition énergétique. L’ADEME de son côté n’exclut pas l’option en y dédiant en 2016 un rapport (ci-joint).

Si vous souhaitez participer à la réalisation d’un tel scénario, donner de votre temps et investissez dans un projet citoyen d’énergies renouvelables !

sources :

négaWatt

ADEME “Mix électrique 100% renouvelable ? Analyses et optimisations – Un travail d’exploration des limites du développement des énergies renouvelables dans le mix électrique métropolitain à un horizon 2050”

Oui mais à certaines conditions

Produire de l’électricité par les EnR n’est pas synonyme de variation. Certaines  énergies renouvelables telles la biomasse ou l’hydraulique peuvent se stocker avant d’être utilisées. D’autres comme l’éolien ou le solaire fluctuent dans le temps et selon les conditions météorologiques même s’il est possible de prévoir leur variation et d’anticiper un déséquilibre d’offre. Prévoir est d’autant plus facile que le réseau électrique devient intelligent (“Smart Grid”). Celui-ci peut prévoir une évolution de la demande et ajuster ainsi avec précision l’offre à la demande.

Stocker l’électricité produite est une autre option pour remédier aux fluctuations de production par des batteries, des stations de transfert d’énergie par pompage (STEP), des gaz thermiques, de l’hydrogène ou de l’air comprimé. L’option du stockage est d’autant plus crédible que la technologie progresse à grands pas dans ce domaine. A plus long terme, on peut voir dans la multiplication des batteries embarquées dans les voitures électriques, une possibilité de stockage de l’électricité lors des périodes creuses entre 13 heures et 18 heures avant une remise sur le réseau entre 18 heures et 22 heures. Cela permettrait d’absorber les fluctuations entre production et consommation d’électricité.

Du côté des consommateurs, il est possible d’équilibrer sa consommation  d’électricité dans le temps ou suivant les heures de la journée, en consommant moins à la tombée de la nuit, lorsque les panneaux photovoltaïques ne peuvent plus produire. Une législation plus restrictive concernant la consommation électrique des produits électroménagers permettrait de réduire en amont la demande globale énergétique.

sources : Décrypter l’énergie, « Les énergies renouvelables, sont-elles intermittentes ? »

Réseau Transport Électricité (RTE)

Non
Pour le producteur : Le rapport de l’ADEME indique en 2018 que les filières d’énergie renouvelable sont déjà compétitives. Les coûts de production de l’éolien terrestre et du photovoltaïque ont nettement baissé. D’après une étude de l’IRENA sur des projets en 2019, “le coût de l’énergie a baissé de 82% pour le solaire photovoltaïque, de 39% pour l’éolien terrestre et de 29% pour l’éolien offshore” depuis 2010. Cette baisse des coûts est liée, selon l’IRENA, à l’amélioration constante des technologies et à la concurrence entre industriels qui s’intensifie. La baisse de ces coûts améliore de fait la rentabilité des EnR.De plus, les EnR jouissent d’une image positive, liée aux avantages de long terme dont elles bénéficient par rapport aux autres sources d’énergies comme le nucléaire. En effet, non seulement le vent continuera à souffler et le soleil continuera à briller, mais en plus, le démontage de ces centrales est comptabilisé directement dans les coûts de construction des parcs éoliens. Le démontage de ces centrales ne représente pas de surcoût pour la collectivité. Les énergies renouvelables sont ainsi des technologies rentables, innovantes et sûres qui ne demandent qu’à être développées.

Pour le consommateur : nombreux sont les fournisseurs d’énergie « verte » en France, mais rares sont ceux dont la démarche est éthique et écologique à 100%. En effet, la plupart de ces fournisseurs se contentent d’acheter des « garanties d’origine » auprès de producteurs d’énergies renouvelables à travers l’Europe tout en s’approvisionnant en électricité d’origine nucléaire. Ainsi, le vert « discount » n’est pas du vrai vert. Avoir une électricité d’origine renouvelable passe alors par une facture un peu plus chère d’autant plus que le fournisseur d’électricité (“vraiment vert” selon Greenpeace) Enercoop fait un surprix pour les producteurs d’EnR afin de soutenir la transition énergétique.

Sources :

INRAE, Conclusions principales – Coût de production des énergies renouvelables en 2019

Les dispositions de l’article L. 553-3 du code de l’environnement prévoient une obligation de démantèlement et de remise en état du site incombant aux exploitants d’éoliennes. «Pour les installations produisant de l’électricité à partir de l’énergie mécanique du vent, classées au titre de l’article L. 511-2, les manquements aux obligations de garanties financières donnent lieu à l’application de la procédure de consignation prévue à l’article L. 514-1, indépendamment des poursuites pénales qui peuvent être exercées».

Décrypter l’énergie : Les énergies renouvelables coûtent-elles trop cher ?  

Rapport ADEME: Coûts énergies renouvelables et de récupération

Rapport ADEME : Les offres d’électricité verte

Rapport IRENA (en anglais) : RENEWABLE POWER GENERATION COSTS IN 2018

Greenpeace : Le guide vert des fournisseurs d’électricité

Oui et non

L’énergie éolienne et l’énergie solaire ne libèrent ni déchets toxiques ni dioxyde de carbone lors de leur utilisation. Elles émettent du CO2 lors de leur fabrication (extraction des ressources premières, conception, assemblage) et déconstruction.

En chiffre, selon l’ADEME pour 2015, par kWh, une éolienne en Europe rejette au cours de son cycle de vie environ 7 g de CO2 bien que cela dépende de la situation de cette éolienne et de son facteur de charge maximal. Un panneau photovoltaïque en France émet 56 g et une centrale à charbon plusieurs centaines de grammes de CO2 par kWh.

L’énergie nucléaire rejette peu de CO2 (66g par kWh) mais n’oublions pas ses inconvénients majeurs : production de déchets radioactifs, coût d’installation d’entretien et de démontage des centrales nucléaires, etc. Pour plus d’informations, voir la question 9 sur le nucléaire.

Sources :

ADEME, Documentation des facteurs d’émissions de la Base Carbone, 18/11/20214 ; Centre de ressources sur les bilans de gaz à effet de serre

Décrypter l’énergie : La sortie du nucléaire en Allemagne entraîne-t-elle une hausse des émissions de CO2 ?

Réseau Action Climat : Nucléaire : une fausse solution pour le climat

Non, et même en retard !

En 2008, le Paquet sur le climat et l’énergie définissait le « 3 fois 20 », adopté par l’Union Européenne. 20% de d’émission de gaz à effet de serre en moins, 20% de part d’énergie renouvelable et 20% d’amélioration de l’efficacité énergétique d’ici 2020. La France a atteint en 2019 17% d’énergie renouvelable dans sa consommation finale, elle affiche donc un retard de plus de 3,7 points. Depuis 2018 le paquet “Une énergie propre pour tous les Européens” fixe un objectif d’énergie renouvelable de 32 % d’ici à 2030 et le Green New Deal d’Ursula Von der Leyen met la barre encore plus haut en visant la neutralité climatique de l’Union Européenne à l’horizon 2050. La France produit déjà une électricité largement décarbonée mais sans sa capacité exportatrice, l’UE ne réussira pas à atteindre ses objectifs. Il nous reste encore du chemin à parcourir.

Si vous souhaitez prendre votre part dans la transition énergétique, donner de votre temps et investissez dans un projet citoyen d’énergies renouvelables !

Sources :

Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, Adoption du Paquet Énergie-Climat 2030

Commission européenne, Focus renewable energy europe, Green New Deal

Cela dépend…

Toute activité humaine impacte la biodiversité. Les EnR, notamment les barrages hydrauliques et les éoliennes sont des infrastructures de grande ampleur. Ces projets sont tels qu’il est d’autant plus important qu’ils prennent en compte la biodiversité.

L’installation des barrages hydrauliques en France s’est déroulée dans les années 60 et 70 alors qu’un impératif de production d’électricité laissait de côté les problématiques humaines et environnementales. Depuis, les barrages hydrauliques ont été équipés d’outils assurant le passage des animaux aquatiques, des “passes à poissons”. Elles laissent les poissons descendre le cours d’eau (dévalaison) par des rivières artificielles. Elles permettent aussi aux poissons de remonter le cours d’eau (montaison) par des passes à bassins successifs, des écluses ou encore des ascenseurs à poissons.

En amont des projets éoliens, des études sont menées sur le comportement des oiseaux et des chauves-souris afin d’identifier les couloirs de migration et les zones de nidification pour y éviter l’installation d’éoliennes. En plus de ces mesures préventives, des systèmes de bridage d’éoliennes permettent de ralentir voire d’arrêter les pales de l’éolienne pour éviter toute collusion avec des volatiles. La LPO a publié en 2017 une étude évaluant l’impact des éoliennes sur la biodiversité: en dehors de l’installation d’éoliennes dans des Zones de Protection Sensibles (ZPS), proches des réserves naturelles, l’impact de ces aérogénérateurs sur la faune est relativement faible. D’autant plus, que le premier prédateur des oiseaux reste le chat !

Et si jamais la protection de la faune vous tient à cœur, investissez dans un projet citoyen d’énergie éolienne pour participer à la gouvernance et piloter le fonctionnement et l’impact de l’éolienne sur la biodiversité !

Sources :

EDF, Les passes à poissons

LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux), Impact de l’éolien sur l’avifaune en France

ADEME, L’éolien en 10 questions – produire de l’électricité avec le vent

Oui et Non

Après 20 à 30 ans d’exploitation, les éoliennes sont déconstruites et recyclées, par obligation légale. L’acier et le béton qui comptent pour 90 % du poids d’une éolienne terrestre, et le cuivre et l’aluminium (moins de 3% du poids) sont recyclables à 100%. Les pales composées de résine et fibres de verre/carbone peuvent être en partie recyclées. Enfin, la présence de terres rares (dans les seuls aimants permanents des éoliennes off-shore) tend à diminuer à mesure que la recherche progresse, d’autant plus qu’il est possible de les recycler voire de les substituer à d’autres matériaux comme la ferrite.

Sources :

Voir l’annexe 5 “Note du CEA Liten transmise à la mission sur le recyclage des aimants permanents” du rapport du Ministère de la transition écologique et solidaire et du Ministère de l’économie et des finances au ministre d’Etat, ministre de la transition écologique et solidaire, mai 2019

ADEME, L’éolien en 10 questions – produire de l’électricité avec le vent

Oui

A mesure que le temps passe, les panneaux solaires produisent de moins en moins, leur rentabilité baisse. Au bout de 10 à 12 ans, les onduleurs doivent être remplacés. Au bout d’une trentaine d’années, le panneau solaire peut être recyclé et remplacé pour éviter une trop forte baisse de son rendement.

Réglementairement, les fabricants de panneaux photovoltaïques doivent s’acquitter d’une taxe lors de la vente, pour assurer la collecte et le recyclage des équipements. En Europe, les fabricants sont regroupés dans l’association PV Cycle qui désosse et recycle les panneaux photovoltaïques. Les composants en verre, aluminium, plastique, silicium cristallin, argent, cuivre, etc. sont réutilisés. Certains panneaux solaires ont une technologie particulière, ils sont dénommés à “couches minces” et contiennent des matériaux rares (et non des terres rares) comme le tellure, l’indium, le gallium ou le sélénium. Leur recyclage est ainsi plus délicat car certains de ces produits peuvent être nocifs pour l’homme et son environnement. Pour plus d’informations sur le recyclage des panneaux photovoltaïques, rendez-vous sur le site des Bouches-du-Rhône de PV Cycle ou dirigez-vous vers ces quelques liens descriptifs :

site internet d’Hespul (= une association citoyenne spécialisée dans le photovoltaïque depuis 1990) :

site internet et vidéo de l’entreprise française PV Cycle recyclant les panneaux photovoltaïques :

Page du site internet Décrypter l’énergie qui explique Pourquoi les panneaux photovoltaïques sont recyclables

Non

Alors que la centrale nucléaire chinoise de Taishan présentait début juin 2021 des gaz hautement nocifs dans le circuit primaire d’un de ses réacteurs, le nucléaire dévoile au grand jour ses limites. Ces menaces ne relèvent pas seulement du manque de fiabilité du matériel, elles confirment les risques d’une contamination de l’homme par des produits dangereux. A cela s’ajoute un désintérêt visible à l’échelle mondiale pour le nucléaire. Enfin, les coûts liés à une remise à niveau des centrales nucléaires viennent s’additionner à des risques pour l’homme et l’environnement qui ne semblent pas être maîtrisables. Pour plus d’informations sur ce sujet, voici quelques liens :

Document de Réseau Actions Climat (= structure nationale fédérant “les associations impliquées dans la lutte contre le dérèglement climatique et pour une transition écologique, solidaire et équitable.”) Le nucléaire : une fausse solution pour le climat

Cour des Comptes, la filière EPR